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Le Bâton, une arme inutile aujourd’hui ?

Souvent négligé par les pratiquants de Ving Tsun (voire même ignoré dans beaucoup de styles apparentés !), le Bâton est souvent vu comme une arme anachronique et obsolète à notre époque moderne. Mais qu’en est-il réellement ?
Le Bâton a-t-il encore sa place dans nos Écoles ?

Des origines incertaines

Comme pour l’ensemble du système Ving Tsun, les origines du bâton se perdent dans la légende.

Certains attribuent son origine à la lance, dont on aurait retiré la lame, d’autres y voient la perche utilisée pour naviguer à bord des jonques et petites embarcations, répandues dans toute l’Asie à cette époque.

Selon l’histoire racontée par Ip Man, il aurait d’ailleurs été introduit dans la méthode suite à la rencontre du Maître du système à mains nues avec un Maître du bâton, à bord d’un de ces navires, transportant un Opéra Chinois.

Une technique réservée aux Maîtres ?

Dans certains styles de Wing Chun, souvent à vocation commerciale, la pratique du bâton (et par la suite celle des couteaux…) est présentée comme l’apanage des Maîtres.

Gardées jalousement secrètes pour être ensuite grassement monnayées le moment venu, les techniques de bâton ne semblent pourtant pas être particulièrement spectaculaires, ou receler un formidable secret, accordant à ses initiés des capacités de combat hors du commun…

Pour s’en convaincre, il suffit d’ailleurs de visionner les démonstrations exécutées par de nombreux prétendus « Grands Maîtres »…

Faisant plus la preuve de leur ignorance quant à son maniement, et d’un manque évident de régularité dans leur entraînement, ces piètres prestations sont loin d’égaler la maîtrise des pratiquants d’autres disciplines armées !

Malheureusement, ces contributions maladroites ont plus efficacement terni l’image du bâton, et par extension, du Ving Tsun tout entier !

Une pièce en trop dans le puzzle ?

Autant le dire simplement, la présence dans le Ving Tsun de ce bâton de presque 3 mètres dérange la plupart de ses pratiquants. Son maniement semblant n’avoir aucun rapport avec la pratique à mains nues, il est perçu comme une pratique désuète et a rapidement été remplacé par d’autres armes jugées plus utiles, parfois complètement étrangères à ses origines chinoises : bâtons de Kali ou d’Escrima philippine, Tonfas ou Nunchakus japonais, voire même couteaux de combat tactique, etc.

Les détracteurs du Ving Tsun ne se privent d’ailleurs pas de moquer son côté peu pratique, tant dans une situation classique de self-défense que lors d’une intervention des forces de l’ordre… Et on ne peut pas vraiment leur donner tort !

Pourtant, comment expliquer qu’un système qui se veut résolument pragmatique et axé vers le combat, ayant formé des combattants tels que Ip Man, Wong Shun Leung et Bruce Lee, s’encombre encore aujourd’hui de cette arme tout droit sortie d’une époque médiévale ?

Pourquoi avoir introduit et surtout maintenu sa pratique dans le Ving Tsun à travers les générations, alors que les premières armes à feu à projectiles sont apparues en Chine dès le XIIIe siècle, et que de nombreuses autres armes certainement plus pratiques étaient disponibles ?

Bien plus qu’une arme !

Comme bien d’autres aspects de l’entraînement en Ving Tsun, tels que le mannequin de bois ou le Chi Sau (exercices mains collées), il faut en réalité voir le bâton comme un outil d’entraînement, qui a pour but de développer des compétences particulières, qui contribueront à améliorer notre capacité globale au combat.

Appliquant une logique similaire, le boxeur n’envisagera pas se battre dans le ring avec sa corde à sauter ou avec son encombrant sac suspendu, mais connaît la valeur de ces outils pour développer son souffle, son jeu de jambes et la puissance de ses coups de poings.

Ainsi, les bénéfices d’une pratique régulière du bâton sont nombreux :

  • Son poids et sa longueur créent un effet de levier, qui intensifie le travail de musculation du haut du corps.
  • Les positions basses ou parfois sur une jambe, permettent de développer une structure solide par un renforcement des membres inférieurs.
  • Les différentes techniques et séquences qu’on retrouvent dans la forme contribuent à améliorer l’exécution des techniques à mains nues.
  • Les exercices avec partenaire(s) permettent, quant à eux, à développer coordination, timing, précision, force et stratégie.
  • Bien entendu, la pratique du bâton permet d’aborder les premiers principes du maniement des armes en général.
  • Enfin, car cela compte aussi, le matériel est assez peu coûteux (environ 70 € pour un bon bâton…) et permet de s’entraîner seul

Rares sont les outils modernes réunissant autant de qualités !

Voilà donc pourquoi, pour rien au monde, les pratiquants de Ving Tsun ne voudraient se passer de cet outil unique et indispensable !

Il serait aussi bien dommage de ne le réserver qu’aux « Maîtres », car son apprentissage serait beaucoup trop tardif !
Enseigné dès la première année, cet entraînement pourrait au contraire améliorer grandement les progrès de l’élève, tout au long de son parcours.

C’est aussi pour toutes ces raisons que nous avons décidé de créer au Kwoon, un cours hebdomadaire spécifique aux armes, et accessible à tous nos membres !